Daphnis é Chloé / Danse
Les personnages de Daphnis et Chloé, aux origines enfouies, nés d'un roman grec attribué à Longus, sont venus jusqu'à nous essentiellement par la musique de Maurice Ravel écrite en 1912 pour les Ballets russes, où triompha Nijinski dans le rôle-titre. Quand, en 1982, quelques mois après son ballet Ulysse, Jean-Claude Gallotta présente ce pas de trois, il en a moins retenu l'argument (Chloé, épouse du jeune berger Daphnis, enlevée par des pirates est ramenée à lui par un miracle du Dieu Pan) qu'il n'a cherché à en travailler le mouvement, à saisir l'énergie, la douceur, la violence de la joute amoureuse.
Créée pour le festival d'Avignon, interprétée à l'époque par Mathilde Altaraz, Jean-Claude Gallotta et Pascal Gravat, mise en musique et jouée sur scène par Henry Torgue, cette chorégraphie émeut par sa capacité à mêler cérébralité, animalité, humour et joie des sens. Elle reçut alors un accueil enthousiaste de la presse : « Sorte de petit chef d'oeuvre » pour Libération ; « L'une des plus belles choses qu'il ait été donné de voir » pour Le Nouvel Observateur ; « L'essence des rapports amoureux » pour Le Monde.
Attentif à faire vivre le répertoire du centre chorégraphique national de Grenoble, et après la recréation d'Ulysse, devenu Cher Ulysse en 2007, Jean-Claude Gallotta a confié à trois nouveaux danseurs (Francesca Ziviani, Nicolas Diguet, Sébastien Ledig) le soin de redonner vie à ce Daphnis é Chloé à la fois intime et libre, sensuel et ludique, sauvage et espiègle (jusque dans son titre, où le « é » vient faire un pied de nez respectueux à l'oeuvre initiale). Et tout est là , intact et brulant, près de trente années après, Daphnis é Chloé s'impose comme une pièce majeure de la danse contemporaine et sa recréation au printemps dernier a suscité, dans la presse et dans le public, la même émotion et le même enthousiasme.